La culpabilité

15/10/2022

Les chroniques - #journéedemèrede : La culpabilité

M. Manard

Dans cette chronique, je sors mes tripes, je vide mon cœur, j'ouvre les portes des méandres de mon esprit...

Ce n'est pas un scoop c'est difficile d'être parent. La vie est difficile, la société dans laquelle nous vivons est sans pitié... Et attention, quelles que soient nos convictions, notre style parental, l'époque dans laquelle nous vivons, ... être parent est et restera une tâche difficile... Difficile parce qu'elle est importante, elle est même capitale et c'est ça, aussi, qui rend l'aventure merveilleuse.

Déjà lors de la grossesse, cela reste abstrait mais une grande responsabilité nous incombe au niveau alimentaire et d'hygiène de vie générale. Ensuite, quand bébé arrive on sent (et croule parfois) sous le poids de la prise de conscience la plus anxiogène de l'univers : un être totalement vulnérable est au monde par notre initiative et sa survie dépend directement de nos soins.

Ensuite bébé grandit, on apprend notre rôle de parent chaque jour, on crée du lien, on s'accroche à nos instinct quand tout et tout le monde autour de nous donne ses conseils pour nous en détacher, tant de cet instinct que de notre bébé.

Nous grandissons en même temps que notre enfant, en tant que parent. Nous faisons des erreurs, nous essayons de nouvelles stratégies, nous composons face à nos propres angoisses, qui parfois nous dépassent.

Et il y a des moments, des périodes, variables où les ressources de chacun diminuent, où la fatigue s'installe, où la pression monte... Des périodes où le soir, quand la maison retrouve son calme, après la tempête, la tristesse s'installe... La culpabilité aussi. Ces sentiments à la fois douloureux et pourtant extrêmement importants. Ces sentiments qui nous signalent que nous n'avons pas agi en adéquation avec nos valeurs, nos souhaits, nos espoirs. Ces sentiments d'alerte qui nous permettent de nous réinventer, de faire amende honorable et de redéfinir les règles du jeu. De notre propre jeu, celui de notre échiquier interne. Afin que le fou ne prenne pas possession du plateau, mais laisse à la souveraineté la sagesse nécessaire pour mener la danse. Avec la force de la tour et l'habileté du cheval, le fou reprendra sa place pour amuser les pions qui pourront retrouver toute leur légèreté.

Parce que ce soir, c'est un soir triste et coupable, un soir où je n'ai pas été la maman que j'aime être, un soir où, malgré que certains pourraient penser qu'il ne s'est rien passé de spécial ou que je me fais des nœuds au cerveau, j'aurais préféré que cela se passe autrement. Et pourtant, ce soir je suis aussi heureuse. Heureuse de grandir en tant que maman, de m'émouvoir de ce "si peu" de choses, qui sont pourtant grandes pour moi. Heureuse de vouloir me dépasser chaque jour, pour moi-même et ceux que j'aime, pour offrir à leur monde un peu plus d'amour chaque jour. Heureuse de savoir que demain, je me réveillerai grandie, forte de nouvelles stratégies, avec ce rappel que personne n'est parfait et qu'il est illusoire de tenter de l'être, sinon c'est le fou qui remportera la partie.

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