La première rentrée ... Cette pression sociale et le sentiment de laisser partir trop vite, trop tôt

06/10/2021

Voix parentales - "La rentrée scolaire : Bonheur ou calvaire?" La première rentrée ... Cette pression sociale et le sentiment de laisser partir trop vite, trop tôt

M. Manard

Les deux ans ont sonné. Deux ans dans une bulle familiale rassurante. Je pensais naïvement avoir bravé la période de conseils non sollicités des parfaits inconnus, après deux ans de « ah tu fais comme ça ?! », « ah tu devrais faire ceci !», « Comment ça tu allaites encore ?! », « Comment ça il ne va pas en crèche », « Il devrait faire ses nuits »... , mais je me berçais apparemment d'illusions.

Mon fils a eu deux ans en juillet 2021. Depuis le mois de juin, tout qui je rencontre et qui me demande l'âge de mon fils me demande quand et où il allait rentrer à l'école... Jusque là le questionnement est purement courtois, bien que tout à fait inintéressant pour la personne en question. Là où je m'étonne toujours c'est le regard désapprobateur, les regards au ciel ou l'air d'étonnement abasourdi qu'ont les gens quand j'annonce qu'il y rentrera plus tard... A trois ou peut-être quatre ans... Bref, comme pour tous ses développements, quand il sera prêt, tout simplement.

Oui j'aime avoir mon fils à mes côtés, le voir grandir, évoluer, apprendre chaque jour avec lui et de lui. Oui, si cela ne tenais qu'à moi, nous ferions de l'Instruction En Famille un bon moment... Mais... au-delà de la pression sociale et désapprobatrice d'un tel mode de vie, qu'on ne puisse pas sous-entendre que j'impose un choix castrateur à mon fils de toute vie sociale (Attention spoiler : Il n'y a pas qu'à l'école qu'on a une vie sociale), il ira dans ce système scolaire. Il y découvrira les joies et les peines (j'espère le moins possible quand même) et on verra si ca lui plait. Nous ferons le bilan régulièrement.

Non je ne renvoie pas sur mon fils les années détestées et détestables de ma scolarité et oui, j'aimerais lui offrir un début de vie à son écoute, à son rythme, avec des apprentissages adaptés, réels, concrets. Non, je ne me complais pas dans un mode de vie où je traine en pyjama toute la journée, où je ne fais « que » m'occuper de mon fils... Non. Sachez que lorsqu'il ira à l'école je continuerai de gérer trois activités en parallèle ainsi que les tâches domestiques. J'aurai juste plus de temps seule pour gérer ces tâches, moins d'interruptions, peut-être quelques soirées de repos et de vrais week-end.

Je ne sais pas lequel de nous deux a la position la plus enviable ou la plus détestable. Chacun y verra ce qu'il veut : La mère et l'enfant prisonniers l'un de l'autre ou la mère et l'enfant attendant juste le bon moment, celui qu'on sent, celui qu'on sait.

Malheureusement, cette société formatée a encore de beaux jours devant elle, n'ayant qu'une hâte de « couper le cordon familial » pour pousser à la standardisation scolaire sous prétextes de socialisation et du développement de l'indépendance. Laissez-le encore profiter de ces journées passées chez les grands-parents à tisser du lien intergénérationnel, qu'il gardera à vie ancré en lui. Laissez-moi encore vivre quelques semaines, quelques mois, quelques années dans mon rythme effréné de maman-femme-travailleuse-maitresse d'école et cessez de me demander quand nos enfants iront à l'école. Ils y sont, tous les jours dès leur vie intra-utérine. Ils apprennent, ressentent, développent des sens et des capacités mais surtout font le plein d'amour pour affronter cette vie qui sera sans pitié. Ils grandiront, ils partiront, un jour, demain, et nous laisserons juste avec nos souvenirs, et quel que soit le moment, ce sera trop vite, trop tôt.

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