Quand les parents se séparent…

19/08/2021

Voix d'experts - "Quand l'équilibre familial bascule : le couple qui se sépare "- Quand les parents se séparent...

Alison Rorive


On se rencontre, on s'aime, on construit une famille et puis les aléas de la vie nous amènent à prendre des chemins différents. C'est un moment qui n'est facile à vivre pour personne, que l'on soit petit ou grand. Toutefois, certains de nos comportements peuvent nous permettre de traverser cette étape avec un peu plus de légèreté. Et puis, derrière une séparation, il y a aussi de bonnes choses qui peuvent ressortir... Un épanouissement personnel et familial, plus de légèreté au quotidien, un nouveau départ,... C'est la façon dont nous décidons de voir les choses qui donneront une direction à comment nous déciderons de vivre après.



Quand annoncer aux enfants la séparation ?

Ce qu'il faut savoir c'est que les enfants sentiront rapidement que les choses sont différentes même si ils ont l'habitude d'évoluer dans un climat où les disputes font partie intégrante de votre quotidien. Ils se sentiront en insécurité et ne pouvant mettre des mots dessus, ils l'exprimeront à travers leurs comportements.

Il n'y a pas de timing précis mais il convient de ne pas laisser ces non-dits s'éterniser.



Comment annoncer aux enfants la séparation ?

Il ne faut prononcer les mots « divorce » ou « séparation » que si vous êtes sûrs que la décision est irrévocable.

L'annonce aux enfants se fait lorsque les parents sont tous les deux prêts. Et comme on le sait, une séparation se fait rarement à l'amiable. Rancœur, tristesse, colère ou haine peuvent venir s'en mêler. Il ne faut surtout pas hésiter à aller consulter afin d'y voir plus clair pour soi-même dans un premier temps.

Les parents doivent être unis ce qui nécessite que la discussion soit préparée à l'avance.

On va choisir un moment calme. On préférera s'asseoir auprès des enfants, les regarder dans les yeux quand on leur parle. On les sécurise en les prenant dans nos bras ou en se montrant tendre avec eux.



Que dire ?

On dit les choses vraies même si on ne dit pas tout. Il est inutile de rentrer dans les détails.

Exemple : « L'amour que l'on éprouve l'un pour l'autre n'est plus le même qu'avant, c'est pourquoi nous avons décidé de ne plus vivre ensemble. Sachez que l'amour que l'on éprouve pour vous ne changera jamais. L'amour qu'un papa et une maman éprouve pour leurs enfants n'est pas le même que celui qu'on éprouve pour un amoureux ou une amoureuse. Nous ne vous abandonnerons donc JAMAIS ».

Il est inutile de donner trop d'informations à l'enfant d'entrée de jeu. Si ce dernier en a besoin et qu'il sait qu'il peut poser des questions, il viendra chercher les réponses auprès de vous.


Lors de cette annonce, il faut toutefois veillez à ce que certains messages passent:

  • Le lien conjugal est rompu :

« En tant que mari et femme, nous n'allons plus vivre ensemble. Chacun aura sa maison où vous y aurez votre place ».

  1. Les enfants vont avoir besoin d'être rassuré sur des détails purement matériels de leur vie future (chambre, jouets, vêtements,...).
  2. Ne pas entretenir de fausses illusions : « Nous savons bien que ce sera compliqué quelques fois ». 



  • Le lien parental subsiste et il est inaltérable :

Rappeler qu'ils sont nés d'un amour très fort entre vous et que ça ne changera jamais. Qu'ils conservent toujours une place dans votre cœur et que la façon de les aimer ne changera pas.

Veillez à ce que le respect mutuel entre vous soit de mise. Surtout après la séparation. En effet, en cas de non-respect de l'autre parent, l'enfant risque d'être pris dans un conflit de loyauté. Son estime personnelle risque d'être entachée. L'enfant est une partie de chacun de ses parents. Ne pas respecter l'autre revient à ne pas respecter une partie de qui il est.

Après la séparation, les conflits risquent de persister, voire dans certains cas de s'amplifier, veillez à régler vos désaccords en l'absence des enfants. En effet, si l'enfant y assiste, ça risque : d'augmenter son sentiment d'insécurité et de culpabilité (voire de dépression pour certains) et/ou de diminuer le développement de son autonomie, notamment.



  • Il n'y est pour rien dans la séparation/divorce :

L'enfant risque de se sentir responsable et coupable de votre séparation/divorce. Il est nécessaire de le déculpabiliser en rappelant que ce sont des enfants formidables,... Que c'est une décision d'adultes et que quoi qu'ils fassent, ils ne pourront rien y changer.

En étant sûrs de vous, vous l'aidez à ne pas se leurrer.



  • Il peut en parler quand il veut :

Si l'enfant réagit mal, c'est tout à fait normal. Il va avoir besoin de temps pour assimiler les informations, les changements inhérents et retrouver un sentiment de sécurité.


Plus les parents sont sûrs d'eux et plus l'enfant retrouvera rapidement ce sentiment de sécurité.


Si vous pleurez : déculpabilisez et mettez des mots sur vos émotions.

Exemple : « Je me sens triste car c'est une décision difficile/ un gros changement/... même si nous sommes sûrs de nous, nous savons que c'est la meilleure solution pour nous en tant que couple ».


Il faut être vigilant à ne pas se laisser réconforter par l'enfant et veillez à ce que ce dernier ne devienne pas votre confident afin d'éviter les confusions de rôles et de statuts.



Par la suite, et ce d'autant plus si les enfants sont jeunes :

  • Réitérez les messages.
  • Sécurisez vos enfants en les entourant d'une présence réconfortante.
  • Respectez au maximum les rituels et les emplois du temps.
  • Surveillez les signes de souffrance (réveils nocturnes, énurésie nocturne (pipi au lit), somatisations). Au besoin, n'hésitez pas à emmener votre enfant en séance psychologique.
  • Protégez vos enfants du discours bien-pensant, moralisateur, culpabilisant de l'entourage et des tentatives éventuelles d'appropriation de l'enfant par l'entourage (« pauvres petits »).
  • Laissez-lui du temps pour mûrir, faire son deuil du couple uni de ses parents mais aussi pour se reconstruire des repères.



Comment réussir son divorce ?


  • Ne confondez et ne mélangez pas tout :

N'entretenez pas chez l'enfant de fausses illusions. Par exemple, continuer à vivre sous le même toit après l'annonce, faire des sorties en famille,... Plus ils sont petits et plus ils ont besoin que les choses soient claires. Veillez à bien distinguer la vie de chaque parent.



  • Gardez du respect l'un pour l'autre :

Ayez en tête que la vie de votre ex-conjoint ne vous regarde plus. Il n'est donc pas question de juger sa façon de vivre devant les enfants. La seule chose qui doit désormais vous importer c'est la manière dont il respecte ses obligations de parent. L'autre parent ne doit pas pour autant devenir un sujet tabou. Il est question de trouver un juste milieu. Si votre enfant a besoin de vous raconter ce qu'il a fait chez l'autre, il est important de l'écouter. Refuser de le faire, c'est nier une partie de qui il est, de ce qu'il vit.



  • Maintenez une vraie communication entre vous :

Après la séparation, des différences de mode de vie, d'éducation,... peuvent s'accentuer. Le nier, c'est nier la réalité du divorce. Ces différences doivent être vécues dans le respect de l'autre conjoint.

Soyez capable de vous mettre d'accord sur les décisions concernant l'enfant. Discutez-en ensemble SANS lui. En effet, ne pas en discuter risque de créer un décalage trop important, ce qui risque de mettre l'enfant en situation de souffrance. Surtout, ne jamais utiliser votre progéniture comme messager ou pour régler un conflit.



Que faire ?

  • On dédramatise ! On ne peut pas élever d'enfant sans conflit.
  • On essaye de comprendre et de respecter le point de vue de l'autre parent.
  • L'enfant doit pouvoir s'autoriser à parler de tout et s'il se pose des questions, à recevoir une réponse honnête. Il est alors important que chaque parent puisse exprimer son point de vue sans décrédibiliser l'autre.

Pour rappel, il s'agit des grandes lignes théoriques mais nous savons que la théorie n'est pas la pratique. Adaptez ces conseils à votre famille, à vos enfants et à vous-même.

Si vous fautez, ne culpabilisez pas ! Rappelez-vous que nous ne sommes pas parfait, que commettre des erreurs fait partie de la vie et donc, au lieu de se lamenter, profitons-en pour en tirer une leçon.



Les trucs qui ont fait leurs preuves :

  • Permettre à l'enfant d'avoir une photo de l'autre parent dans sa chambre.
  • Permettre/proposer à l'enfant d'appeler l'autre parent durant votre semaine ainsi qu'aux occasions : fête des pères/mères, anniversaires,...
  • Conduisez ensemble vos enfants pour la rentrée.
  • Faire front uni quand c'est nécessaire (avec les adolescents notamment).
  • Soyez flexibles concernant les moments de garde, de façon ponctuelle.
  • Pour les occasions (anniversaire de l'autre parent, naissance d'un autre enfant,...) : permettre à l'enfant d'offrir un cadeau de sa part. Faire un effort sur sa tenue est également important tant pour l'estime personnelle de votre enfant que pour l'intérêt que vous lui portez.
  • Si un des parents refait sa vie : respecter son conjoint et ne pas le dénigrer devant l'enfant.
  • ...



Gérer les transitions :

Les difficultés rencontrées par l'enfant sont de deux ordres :


  • Sur le plan matériel :

Transporter ses affaires d'un côté à l'autre peut vite devenir pénible, tant pour l'enfant que pour les parents (Poids, oublis, pertes,...).


Ce qu'on peut faire :

  • afin de diminuer les risques d'exaspération et augmenter chez l'enfant le sentiment de sécurité, on va veillez à ce qu'il ait des affaires à lui chez chaque parent.
  • Si l'enfant souhaite prendre quelque chose de chez maman pour l'emmener chez papa ou inversement, lui permettre de le faire car c'est une façon pour lui de conserver son unité.


  • Sur le plan affectif et relationnel : 

La gestion des séparations.


Ce qu'on peut faire :

  • Préparez à l'avance ces allers-retours, en les énonçant et en les préparant avec eux.
  • Respectez les horaires, les emplois du temps et la parole donnée car la régularité apporte un sentiment de sécurité !
  • Évitez d'harceler l'enfant de question à son retour mais s'il veut raconter, soyez à l'écoute.



Si l'enfant pleure lors des séparations et qu'au moment de partir (ou au retour), il refuse de vous lâcher.


Ce qu'on peut faire :

  • Pour se sentir serein, votre enfant doit sentir que vous l'autorisez à vous laisser seul(e) et qu'il peut prendre du plaisir avec l'autre parent.


Si les parents sont sereins et sûrs d'eux, l'enfant s'adaptera rapidement aux allers-retours.



Pour aller plus loin :

Il s'agit d'une liste non-exhaustive. Il existe une multitude d'ouvrages traitant de ce sujet, tant pour les petits que pour les grands.

Pour les parents :

  • Mes parents se séparent, Comprendre ce que ressent l'enfant, Maurice Berger et Isabelle Gravillon. Albin Michel, 2004.
  • Séparons-nous mais protégeons les enfants, Stéphane Bourcet, Albin Michel, 2005.
  • Réussir la garde alternée, Gérard Poussin et Anne Lamy, Albin Michel, 2004.
  • Le livre noir de la garde alternée, Jacqueline Phélip. Dunod, 2006.

Pour les enfants :

  • C'est une histoire d'amour, Thierry Lenain et Irène Schoch, Albin Michel Jeunesse.
  • Lucas et Maria ont deux maisons, Clara le Picard et Julie Baschet, Albin Michel Jeunesse.
  • Camille a deux familles, Ophélie Texier. L'école des loisirs.
  • Les parents de Zoé divorcent, Dominique de Saint-Mars et Serge Bloch. Calligram.
  • La séparation, Pascale Francotte. Alice Jeunesse.
  • Je t'aimerai toujours quoiqu'il arrive, Debi Gliori. Edition Gautier Languereau, 2014 (ne traite pas du divorce mais de l'amour parental).
  • Ma semaine avec toi papa, ma semaine avec toi maman, Leymarie Marie et Graux Amélie. Editeur Philippe Auzou, 2019.