Quand les positions défient les manuels puis la gravité

12/11/2020

Voix lactées - "Les positions : Au sein ou au biberon, les positions de jour et de nuit" : Quand les positions défient les manuels puis la gravité

Marine Manard


21/07/2019 - 15h33. Enzo vient d'atterrir sur ma poitrine et moi je ne touche plus terre depuis le moment où j'ai croisé ce regard si profond qui prenait sa tétée de bienvenue dans une position installée avec douceur par la sage-femme. J'ai eu la révélation à ce moment précis. J'allaiterais, quoi qu'il arrive. Les jours suivants n'ont pas été simples. Né à 36 semaines, les tétées étaient limitées dues à un ictère le fatiguant. Mal renseignée j'ai accepté un complément à la seringue qui m'a littéralement arraché le cœur. Autorisée à 5 minutes pour l'allaiter il a fallu trouver nos positions rapidement. On a triché. Grâce au soutien de papa on prenait le temps de s'installer, de laisser mini-nous s'accrocher correctement...qu'il puisse réellement téter 5 minutes. Le coccyx cassé pendant l'accouchement et le lit inconfortable pour mon dos déformé j'ai vite commencé à prendre des positions particulières, qu'on ne voyait pas dans les manuels. Alors que les sages-femmes se relayaient les unes après les autres pour m'expliquer comment faire, chacune différemment, j'ai perdu mon latin ou mon sang-froid...En fait un peu des deux... Au bout de quelques jours de combat, sans fermer l'œil, à subir les désagréments post-partum et les injonctions contradictoires, j'ai décidé de prendre les positions qui nous convenaient. A Enzo d'abord et à moi ensuite, si c'était possible. La consultante en allaitement me regarda alors, tendrement amusée, lançant un « jamais vu cette position », allaiter mon petit allongé sur mon avant-bras. Une espèce de mix entre la position du ballon de rugby et de louve inversée. Elle me réconforte et me laisse suivre mon instinct. Parfois, il faut stimuler mini-nous à téter sans s'endormir et n'appréciant pas les pincettes appelées chatouilles que les sages-femmes lui faisaient, j'ai tenté autre chose : Position madone, debout, en marchant-chantant-berçant... Je crois que le service entier ne pourra plus jamais écouter « il en faut peu pour être heureux » de la même façon. J'ai chanté en riant, en dansant ou en pleurant. Peu importait tant qu'Enzo tétait pendant les 5 minutes accordées.

Rentrés à la maison on a alterné les positions classiques : madone, ballon de rugby ou allongés. Puis du jour au lendemain, mini-nous a refusé de téter autrement qu'allongé. Qu'à cela ne tienne ! Lorsqu'on était de sortie, je l'installais couché sur le côté sur une table, un pull plié sous sa tête et je m'asseyais devant. En voilà une drôle de position qui faisait sourire les passants ! Ça a dû l'inspirer pour la suite. A presque 16 mois maintenant, il tète assis, debout, couché, à califourchon, sur le ventre ou la tête en bas, en tétées acrobatiques ou câlin. Ce qu'il aime le plus c'est tenir la main de son papa pendant les tétées du soir, ce qui nous remplis le cœur depuis des mois. Quelle que soit l'heure et la position, elles sont toutes un pur bonheur que je savoure et que j'essaie d'inscrire en mémoire pour toujours.