Si je m'étais mieux préparée...

29/09/2020

Voix lactées - "Pression sociale et conseils non sollicités sur l'allaitement et l'alimentation" : Si je m'étais mieux préparée...

Anonyme

J'étais tellement naïve. J'imaginais qu'allaiter, cela allait être naturel, inné, facile. Je ne m'étais pas renseignée, j'imaginais que je saurais comment faire, et mon bébé aussi. Après tout, il s'agissait de sa survie !

J'ai vite déchanté. Dès la première mise au sein. En fait, il y a une manière de faire, il faut se mettre dans telle ou telle position, il faut veiller à ce qu'elle ouvre la bouche d'une telle manière. Le doute m'a envahie. Je n'étais pas sûre de « bien faire », je me sentais incapable. Je ne savais même pas comment satisfaire correctement ce besoin de base de mon bébé ! Alors je prenais au pied de la lettre tout ce que me disaient les sages-femmes. On ne peut pas parler de conseils non sollicités, car je me sentais si nulle que j'en étais réduite à attendre qu'on me dise quoi faire. Mais il y a eu cette information, que j'ai peut-être mal interprétée : elle doit manger toutes les trois heures. Si je m'étais vraiment renseignée, j'aurais fait des mises au sein toutes les demi-heures s'il le fallait, à chaque signe d'éveil, à chaque pleur. Je n'aurais certainement pas dû la sortir d'un profond sommeil aussi souvent parce que « ça faisait trois heures ». La mise en route de l'allaitement a été très compliquée. Probablement à cause du diabète gestationnel et d'un accouchement difficile, je n'ai pas eu de montée de lait telle qu'on l'attend, avec une poitrine gonflée à bloc : j'ai simplement vu que ça devenait blanc et non plus transparent. On m'a rapidement proposé de lui donner du LA. Elle s'est si vite apaisée, que j'en ai été chamboulée. Nouvel échec : je ne lui suffis pas. Nous avons essayé d'arrêter les compléments à plusieurs reprises, mais elle perdait du poids.

Puis il y a eu les douleurs. Pendant les tétées, mais aussi en-dehors. Nous avons consulté trois professionnelles, les diagnostics ne correspondaient pas toujours, les traitements divergeaient pour un même diagnostic. Difficile de s'y retrouver. Et les conseils des autres, plus ou moins sollicités, oscillaient entre « tu as trop mal, arrête ! » et « c'est normal d'avoir un peu mal ». Mais ce n'était pas « un peu mal »...

Je tirais mon lait pour remplacer certaines tétées. Finalement, après des semaines, les douleurs se sont estompées. Et là, ma fille a refusé le sein. Pas systématiquement, mais chaque tétée était une loterie : prendra ou prendra pas ? Je tirais quand elle n'en voulait pas, mais j'obtenais de moins en moins, jusqu'à ses trois mois où, un matin, j'ai péniblement récolté 40ml. J'ai pleuré, je savais que c'était la fin...

Je suis contente d'avoir pu lui donner mon lait en partie, c'est toujours ça de pris pour elle. Certaines mamans n'ont pas cette chance. Mais je m'en veux terriblement de ne pas m'être mieux préparée, renseignée ! Je ne pense pas que je serais allée jusqu'au sevrage naturel pour autant, mais, après tout, on ne le saura jamais...


* LA = Lait Artificiel